Difficile de faire un compte-rendu après des récits aussi bien faits que ceux de « Sussucre » Vincent et « Guru »Arnaud » deux des héros du « Commando Constans » parachuté sur Lanzarote au milieu de ce mois de mai.
Heureusement, le récit de « Douanier Yann « n'est pas encore édité et les quelques lignes d'un Français moyen devraient faire patienter les lecteurs en attente de sensations fortes !
Pas trop la peine de s'attarder sur une préparation longue et rendue d'autant plus fastidieuse que l'hiver a été bien pourri et que le printemps … Quel printemps ?
Peut être aussi, qu'enchaîner 2 « Iron Man » avec un petit marathon au milieu est il un peu gourmand ?
Bref, les moments de lassitude ont été assez nombreux et au mois de février, j'ai même un peu commencé à me dire que j'irai peut être au Canaries avec simplement un maillot de bain et un appareil photo comme Sebastien Escola ( je crois qu'il n'avait même pas d'appareil, ou bien un tout petit, d'ailleurs
Même à distance, l'effet groupe fonctionne toujours ; en voyant mes petits camarades ne rien lâcher malgré des contraintes d'emploi du temps probablement plus lourdes que les miennes et en lisant les plans d'entraînement d'Arnaud dans lesquels j'ai allègrement pioché pour bricoler dans mon coin, la motivation est revenue.
Et c'est avec beaucoup de satisfaction qu'après une étape barcelonnaise avec Gilles et Cathy, j'ai posé le pied sur cette fameuse île de Lanzarote.
Bon... on aime ou on n'aime pas mais le coin, c'est pas vraiment le paradis sur la terre avec le côté « cailloux sur fond de cailloux » et un vent permanent qui semble vouloir faire comprendre qu'on n'est pas forcément les bienvenus .
( Au bout de 10 jours sur cette île et après avoir un peu « apprivoisé » l'endroit, j'ai pas mal changé d'avis et trouve finalement beaucoup de charme à cet endroit )
Les quelques jours de préparation à base de tourisme et de sport ( plus que j'aurais fait tout seul, c'est sûr ! ) permettent au groupe de mieux se connaître et de s'apprécier. « Groupe » , çà veut dire les 9 concurrents mais aussi, bien sûr, les conjointes, accompagnantes, Seb le Brestois qui sera un guide- gigolo « hors-pair » durant la course et Stephane et Antoinette Montfort qui auront bien su nous vanter les mérites du « All inclusive » proposé par leur hôtel
Clap ! çà commence :
4h30heures du matin, la nuit s'est bien passée, le gâteau sport boosté aux fruits secs aussi.
Petit complément de sieste et descente au parc vers 06h15 . Je croise quelque « roses » qui remontent vers les appartements après une vérification de leurs montures. Arnaud écoute de la musique et semble assez sûr de sa force.
Cà sent l'artisan qui connaît son boulot, je vous le dis !
Sur la plage, çà grouille de bonnets oranges mais je ne reconnais personne évidemment.
En plus il fait à moitié nuit, une pluie froide commence à tomber, c'est nul !
Coup de bol, je me retourne et c'est ma chérie et Cathy qui sont là sur la plage avec des maillots des dauphins.
Cà c'est bien.
Bien aussi quand Patrice, mon maître à gérer le triathlon me tape sur l'épaule en me disant qu'il va se placer derrière le gros de la troupe parce qu'il a pas envie de se faire casser des côtes ( sic )
Evidemment, je le suis, on papote un peu et c'est parti !
La prudence a été un bon choix pour des nageurs moyens tels que nous et la première boucle se déroule sans trop d'anicroches. Bien sûr, quand on commence à nager, les premiers sont déjà à 200 mètres, il faut doubler des nageurs un peu présomptueux mais les coups sont rares ( j'en ai reçu plus hier à Brest avec 6 fois moins de nageurs ) et c'est au bout de 39 minutes que je sors de l'eau à la fin des premiers 900 mètres,
Les 1h 20 escomptées sont en ligne, surtout que le plan d'eau devient plus calme et qu'il est plus facile de se concentrer sur sa nage et tirer sur les bras. Ca devient agréable ; un sillage à prendre de temps à autre, un petit poisson qui me fait de l'oeil et le sentiment de savoir pourquoi je me suis autant fait ch... à faire des longueurs de piscine et il me faut seulement 36 minutes pour la deuxième boucle.
1h15 ! je suis au plus haut de la fourchette et çà me file la pêche pour effectuer la première transition.
J'ai l'impression d'être super rapide, je fait tout bien comme les pros, je zappe les chaussettes ( grave erreur ) en me disant que j'aurais plus besoin de ce petit temps de répit après le vélo et zou !
Bon, le « pro » il a quand même mis 6 minutes, heureusement que j'ai pas pris pompier comme job
Le vélo, on a bien compris, c'est un peu mon hobby et je me place résolument sur la file de gauche pour commencer à remonter des concurrents ( y'en a 1000 devant moi quand même ! )
1,5 km de course et c'est « Rosé » qui est déjà en ligne de mire. Le bougre m'a bien fait douter durant la semaine en me disant qu'il pensait faire au moins 50 bornes avant que je le rejoigne. Vu les qualités physiques du bonhomme, c'était crédible.
15 km, je double Yann et là je me dis que c'est encore plus surprenant, soit je suis très bien ou bien il a un souci. La réponse, on la connaît …
35 km, dans une succession de petits « coups de cul » j'encourage Vincent qui m'a l'air de bien de très bien entamer son chantier !
Après, je sais que c'en en est fini de ma chasse au dauphin ( Je sais que Patrice est derrière ) mais je continue de savourer le moment parce que l'effort implique de ne pas « se mettre dans le rouge » ( Sur la durée du parcours, mon cardio indiquera 134 puls/min ) parce que les paysages sont grandioses, parce qu'il a des vélos partout, parce que le soleil est revenu, parce qu'il y a du monde dans les villages, parce je trouve que mon vélo chinois marche bien, parce que, parce que …
Teguise ; les supportrices sont là avant la partie une peu « trapue » du parcours et çà aussi c'est agréable.
« Pascal n'est pas loin » me clame Seb et çà me redonne encore un petit coup de « gnac »
Les kilomètres qui suivent constituent la partie montagneuse du parcours mais la beauté du paysage et les pourcentages relativement modérés aident à faire passer la pilule. Et puis après, on sait que çà va descendre et que ce maudit vent de nord-est va enfin devenir un allié.
Effectivement, çà roule très vite après le Mirador Del Rio.
Un peu trop pour certains ; une ambulance me dépasse et se gare un peu plus loin pour porter secours à un cycliste qui vient de passer par dessus un muret. Le vélo est fracassé et le gars est assis, l'air hébété, couvert de sang.
« Merde » je le connais, on a causé avec lui à l'aéroport en arrivant, c'était son premier Iron Man mais il arrivait plein d'espoirs sur cette course et sa saison. Le bilan sera lourd pour lui et aux dernières nouvelles, William de Montpellier est toujours à l'hosto de Lanzarote.
Ca calme un peu, c'est vrai que la route n'est pas vraiment un billard et que le vent « pile-poil » dans le dos çà n'existe que dans les rêves et il faut toujours se méfier de la rafale traîtresse.
La vitesse augmente et les écarts entre les concurrents aussi, la position aéro est de mise mais le dos commence à faire mal et puis c'est pas aussi facile que dans mes souvenirs avec quelques faux-plats un peu usants.
Coup de théâtre, un « blaireau » en train de se soulager au bord de la route, me gueule dessus.
Pascal ! J'y pensais même plus mais c'est le genre de truc qui vous remonte un homme çà !
Il le racontera lui même mais ses soucis matériels et sa vessie de jeune fille expliquent un peu la situation.
Je monte la dernière bosse au sprint sur un développement un peu exagéré pour essayer de le décrocher mais il faudra la dernière descente, assez technique, pour gagner quelques mètres sur « Joe Dalton » l'homme en colère qui aura assuré le show du matin au soir durant toute la semaine
5H50 de vélo et près de 800 concurrents doublés, je suis bon pour changer d'ampoule au clignotant gauche !
Une transition de papy plus tard, je m'élance ( enfin, j'essaye ) sur le marathon au coude à coude avec Jésus et tente de l'intimider en lui disant « attends moi baltringue » mais il retrouve, petit à petit, son pas de patineur et il s'en va inexorablement.
Ca se présente plutôt bien, je ne connais pas mon classement mais je commence des petits calculs.
Sachant que si je fait 3h40 au marathon, je suis autour de 11 heures et qu'Arnaud nous a dit que l'an dernier, le dernier qualifié pour Hawai en V3 était dans ces eaux-là, tout est possible, d'autant que les premiers kilomètres se font à une moyenne de 5 minutes sans trop de soucis.
En parlant d'Hawai, j'en croise un du club qui déplie ses longs segments à une vitesse supersonique et çà relativise mes espoirs, il a près d'un semi-marathon d'avance !
D'alleurs, c'est jamais si simple une épreuve comme çà … je commence à ressentir des échauffements sous les pieds qui deviennent rapidement insupportables. « J'aurais du mettre des chaussettes à vélo, quel con ! me dis je »
Pas le choix, au deuxième ravito je retire pompes et chaussettes et commence à refroidir l'ensemble.
Ca va devenir le rituel obligatoire tous les 5 kilomètres et le moral commence un peu à flancher devant tout le temps perdu et puis çà fait quand même mal bordel !
Pour ce qui est du classement des vieillards, çà fait longtemps que j'ai arrêté le film après avoir croisé des dossards compris entre « 1643 et 1823 « loin devant moi.
Le mur des 30 km me tombe dessus et je commence à marcher entre les ravitaillements. Je croise mon pote Gillou qui n'a pas l'air au top non plus et qui m'assure qu'on ne le reprendra pas à ce genre de conneries !
Stephane Montfort a visiblement des problèmes de carburation également et une nouvelle fois, on constate que tout ce qui a précédé dans la journée n'était que préliminaires à ce dernier semi-marathon où tout se joue et déjoue.
Celui qui commence à me faire peur c'est Vincent qui à l'air « d'arracher tout » et les 2 petits kilomètres d'avance ne vont pas peser lourd si je continue à marcher.
Yann court avec la main sur la hanche et j'ai du mal à le croire quand il me dit qu'il a une côte cassée.
Patrice, m'encourage d'une voix calme et posée, je me demande si il attend pas régulièrement au bistrot tellement il a l'air frais.
Jesus a maintenant une avance considérable mais il ne se déride pas trop, je crois qu'il a compris qu'Alex ne lâchera rien et l'allure de celui-ci ne trahit pas de faiblesses...
Ca y est on vire pour les 6 derniers kilomètres, je me rappelle un article
http://runners.fr/l’art-de-se-‘faire-mal’/
et commence à entamer des comptes « 1, 2, 3 etc.... » et reprends régulièrement comme dans une espèce de transe musicale. Putain, j'aurais du y penser avant ! Çà m'aide à supporter la douleur et l'ennui, je retrouve un rythme suffisant pour envisager de passer sous les 4 heures au marathon.
Je croise « Rosé » qui à l'air de commencer à souffrir à un ravito.
En même temps, je me dis qu'il doit aussi faire morfler les bénévoles à réclamer un sanglier et un tonneau d'hydromel à chaque pause !
Marie-Noelle, est à 750 mètres de l'arrivée ( Tu sais bien, Pascal, le marchand de glace ! ) et un choix cornélien se présente, je ralentis pour finir avec elle ou je continue sur ma vitesse infernale de 11 km/h pour réaliser mon dernier objectif de « sub 4 au marathon »
Evidemment, quand on est con, c'est pas pour un jour...
Bilan : 3h59 et 11h 18 de courses pour un classement à la 301 eme place ( 17 eme/180 en V3)
L'émotion n'est pas aussi vive que pour le premier Iron Man , mais le sentiment d'avoir réalisé un « good job » est egalement un bon poison à se mettre dans les veines !
Au final, je retiendrais de cette expérience, beaucoup plus de plaisir que de souffrances. Je constate aussi que la préparation des dauphins leur a permis de tous figurer dans la première moitié du classement, même avec des blessures. Ca valide les heures d'entraînement un peu raides de cet hiver et çà devrait inciter les nouveaux candidats à franchir le pas .
( Il faut bien se dire, qu'entre autres, le niveau vélo au club- en Bretagne de manière générale- est plus élevé qu'ailleurs et que prendre une « cartouche » ici ne préjuge pas de mauvais résultats dans des épreuves extérieures. Y'a pas que le vélo dans la vie mais c'est plus de la moitié du boulot quand même ! )
Ce qui devrait aussi susciter des vocations lors du prochain déplacement du club est évidemment la superbe ambiance qui règne dans le groupe au sens large du terme.
En tout cas, si l'arthrite ne m'a pas gagné trop d'ici là ( Inch Allah ! ) je signe déjà !
Ps : Desolé, je devais être bref, le problème du « long » c'est qu'on ne peut pas faire « court »