Pour beaucoup (de français, je précise), Embrunman est la course a faire, le mythe, la référence. Pour moi, ce n'était pas vraiment au programme, pas du tout même. Trop dur! J'avais choisi de faire Vichy en 2011, croyant me lancer dans un ironman facile. Ça été caniculaire, natation sans combi, vélo plat mais dans la fournaise, température au dela de 43C sur le marathon. Un bon baptême du feu. Et pourtant, a la fin de cet ironman, j'étais déjà frustré que ce soit terminé, prêt a renquiller pour un suivant. 

Pour 2012, Nico et moi avons opté pour l’ironman de Nice et déjà dans un coin de mon esprit j'envisageais d'enchaîner avec une autre distance ironman la même année. C’est pas tant la recherche de l’exploit qui m’animait, mais plutôt l’envie de bien rentabiliser mes 5 mois d'entraînement post-Nice, et de ne pas me sentir frustré par une seule épreuve et devoir attendre un an avant la suivante. Qu'est ce qui me restait comme choix quelques semaines après Nice sans devoir m'inscrire 1 an a l'avance? Vichy? Non, j'ai déjà donné, et en plus c'est un coup a avoir les même conditions qu'en 2011 (l'histoire m'a donné raison puisque ça été une nouvelle fois caniculaire ce dimanche 19 août et ils ont du transformer la distance ironman en half ironman!) 

Il ne me restait plus que Embrunman! J'attends tout de même quelques semaines après Nice pour voir si tout est OK au niveau physique: pas de bobo, état général OK, motivation OK. 

Je reprend mon entraînement en solo cette fois avec quelques sorties vélo de simulation : 215km avec 3200m de dénivelé, en selle pendant 7h45, tout seul! Qu'est ce que c'est chiant! Le rythme est bon toute la sortie et arrivé a 5 minutes de chez moi, douleur fulgurante au genou droit!!!Diminué a 3 semaines de l'échéance, c'est pas très rassurant mais je suis confiant quand même. Pour Vichy je m'était pété le gros orteil 1 mois avant. 

Je venais de remplacer mes cales de chaussures un peu usées et j'avais du mal les repositionner.....J'enchaîne avec une course a pied de 20km (dixit le coach) mais au bout de 9km, je suis en hypo, et doit me résigner a ramper jusqu'à la maison après 13km seulement. Je pense que j'ai trouvé mes limites!C'est bien! Il va falloir faire gaffe a l'alimentation a Embrun. Un point positif, mon genou ne me fait pas mal en course a pied. 

Je reste tranquille une semaine avant de reprendre le vélo, de peur de me finir le genou et tente de rectifier le positionnement de ma cale. 

Ma sortie suivante de 6h30 se passe désastreusement: la ou j'ai maintenu une moyenne de 28km/h pendant 215km une semaine plus tôt, je roule maintenant a 23km/h !J'ai du modifier ma façon de pédaler pour soulager mon genou (tout en moulinage) et mon rendement s'en est ressenti! Pourvu que tout ça tienne! 

De toute façon, mon objectif number One, c'était Nice, Embrun, si je termine, ce sera la cerise sur le gâteau, alors pas d'objectif de chrono, juste l'objectif de prendre du plaisir et terminer! 

Je m'inscrit donc au dernier moment, après avoir galéré a trouver un hébergement!Une cinquantaine de demandes, la même réponse: ''c'est complet la semaine du 15 août depuis décembre dernier mes braves gens!'' 

Céline trouve in extremis un appart a CROTS (qui ne se prononce pas comme ça en a l’air) a 2.5km du parc a vélo, le coup de bol. Merci Céline! Si certains veulent l'adresse, je la recommande! 

Ce sera mon premier ironman en famille, c'est a dire Céline (comme a Nice) et mes filles Amy et Lou, et même les beau-parents Annie et Gérard! 

Je fais la connaissance de mon voisin de pallier, ou plutôt de terrasse, Thierry, triathlete du nord, vétéran 3, qualifié et finisher d'Hawaii en 2011. Nous sympathisons rapidement. 

Les environs d'Embrun sont magnifiques et le temps était de la partie (entre 32 et 35 degrés tous les jours). Le dimanche, je fais ma petite reco vélo: la premiere boucle de 42km ainsi que la bosse de Chalvet sur les 10-15 derniers kilomètres du parcours vélo. Le verdict tombe: ''Vas-y, fout ton 27 dents sinon tu la montes en marchant!'' 

J'installe donc ma cassette 27 dents et galère un moment avec le réglage du dérailleur et me dit que si un jour, moi aussi je veux le Prez pour s'occuper de mon vélo sur un ironman, va falloir que je me qualifie a Hawaii. Comme c'est improbable, j'avais amené mon bouquin de maintenance vélo et après quelques tours de vis par ci par la, toutes mes vitesses passent, OUF! 

La veille de la course, dépôt du vélo dans le parc, j'assiste au briefing, ca sent l'épreuve mal organisée, pas structurée, bordélique presque. C'est pas très rassurant!Je savais que c'était très roots et c'est aussi pour ça qu'on est la! 

Organisé comme je suis, je prépare ma petite liste pour ne rien oublier, mes affaires, mes gels, mes boissons perso. Une mésaventure comme celle de Bernard Saliou qui oublie ses gourdes dans le frigo avant son ironman ça ne m'arrivera jamais! 

Le soir, pizza au resto d'à cote, très bonne adresse d'ailleurs, et coucher tôt. Lever 3h20 et hop hop hop on enchaîne, le petit dej, la prépa des affaires, le délestage de la peur, le rassemblement de toutes mes gourdes, mes ravitos perso, vélo et course a pied. Les beau-parents arrivent pour garder les filles et nous partons avec Céline a 4h25 du matin. Je suis serein, je pars tôt et je suis méga organisé, rien ne peut m'arriver! I am the king of the world!!! 

Nous arrivons 10 minutes plus tard, même pas de problème pour se garer, impecc! 

Je laisse Céline et vais préparer mon vélo, regonfler mes pneus, repartir mes gourdes et installer mes gels....mes gels..!!!???? mes gels bordels, ils sont ou????????Ohhhh putain, dans le frigo!!!!!!!Bernard, pardonnes-moi, je me prosterne! Comme quoi les listes ça sert a rien!!quand on les lit pas!!Ou plutôt quand on les lit pas quand il faut! 

Bref, gros coup de chaud, je dégouline de stress. Mon pote Francois de Redon, inscrit a la dernière minute suite a une déconvenue sur l'altriman (contraint a l'abandon au 13 kilomètre a pied a cause d'une bonne grippe intestinale contractée des la sortie nat) viens me saluer. Il n'a pas l'air confiant, et moi j'ai l'air paniqué! je saisi mon portable et tente d'appeler Céline, bien connue pour ne jamais décrocher son portable! J'appelle 5 fois, 10 fois, rien!!Je laisse des messages désespérés, on dirait un suicidaire qui appelle SOS médecin. Je décide de déambuler dans le parc a vélo en longeant les barrières et en hélant comme un gosse abandonné qui appelle sa mère: « Céline, Céline!!! » Les gens me regardent bizarrement. Je m’en fous, dans mon esprit a cet instant précis, c’est une question de survie pour moi! (Bon après coup, c'était plutôt risible!) 

Rien, pas de Celine, je suis résigné, pas de gel, mon presque unique carburant, l'équivalent de 1800 calories évanouies. Je sens que ça va être dur, très dur! Et finalement Celine m'appelle, la délivrance!!! Elle était la depuis le début et me voyait déambuler comme un chiot a la SPA dans sa cage mais papotait avec un ex-triathlete qui racontait sa vie, le portable enfoui dans un sac rangé dans un autre sac,le tout en position vibreur! 

Retour express de Céline a l'appart pour récupérer mon graal: Merci Wonder woman!!! 

Pour ceux qui ne connaissent pas, il faut savoir qu'il n'y a pas plus ritualisé, voire toqué, qu'un triathlete. Tout est pensé, calculé, anticipé, préparé et quand un grain de sable apparaît, c'est la fin du monde!Pour moi, c'est la nutrition, pour d'autres, c'est la pression dans leur pneus qui doit être exacte au millième de bar près, pour d'autres, c'est le positionnement millimétriques des affaires dans la zone de transition, etc... 

C'est bon, Ça y est, je peux décompresser, y'a plus qu'a faire un ironman maintenant! Avec tout ça, pas eu le temps d’aller aux toilettes! Le pipi se fera dans la combi, histoire de chauffer les muscles. 

Nous avançons dans la nuit noire, dans la nuit noire, dans la nuit noire obscure , vers le départ natation. Je suis serein, je suis bien préparé et j'ai un objectif modeste, terminer, ça me laisse beaucoup de marge pour choisir le « comment » terminer. 

Et pan, c'est parti. Pour la natation j'opte pour une nage décontractée a l'écart des autres et des coups et cela paye car je prend du plaisir, je nage sereinement et ne subi pas de gros coups. Je ne nage pas dans les pieds des autres, tant pis, mais au moins je suis peinard. Je ne force pas car la journée sera longue. Premiers 1800m en 32'30, c'est pas mal. Il y a beaucoup de monde sur les berges et l’ambiance est vraiment sympa. Je garde le rythme au second tour alors que le jour se lève et termine en un peu moins d'1h07 a ma montre. Je suis content car je n'ai pas forcé, ni drafté, je sens que je peux nager plus vite. 

Je cours a mon vélo, j'enfile mon jersey sur mon singlet mouillé, chaussettes en prevision du debut de course frisquet, pipi et hop c'est parti! 

Ça part a fond, ça double dans tous les sens! J'avais déjà vu ça a Nice alors ça ne m'inquiète pas. Je suis mon plan de route: rouler tranquille au moins jusqu'au bas de la bosse de l'isoard a 75-80km, monter souple, descendre comme je peux et après on verra! 

Je mouline beaucoup pour soulager mon genou dont je ressens déjà une gène, mais pas encore de douleur. Ça grimpe direct sur quelques kilomètres. Après c'est le plat et les descentes et après 20-30km je trouve que je n'avance pas beaucoup. C'est étrange, le vélo c'est plutôt mon point fort. Je soupçonne un problème de patins de freins trop près de ma roue ou bien ma roue trop près du cadre (yen a chez qui ça arrive il paraît....Enfin c'est ce qu'ils disent). Je m'arrête même et descend de mon vélo pour vérifier de plus près mais non, tout a l'air OK! Dans le doute (on sait jamais?), je desserre mes freins avant et arrière pour les montées et le plat et les resserre pour les descentes. C'est psychologique car je ne vois pas de différence. Et la, la sainte parole sors de ma bouche: “Putain ca va être long! Encore 150km!!!’’ 

Je ne sais pas si je manque de fraîcheur et d'énergie ou bien si c'est le fait de beaucoup mouliner pour protéger mon genou qui me fait me traîner?Je positive en me disant que je serai peut être plus frais que tout le monde au départ marathon!et je continue mon chemin, en pensant a bien m'alimenter et boire. 

Après 40km, je passe près de notre appart et salue Celine et ma fille Lou, puis c'est le chemin vers le col de l'isoard. 

Je continue mon petit bonhomme de chemin, ca monte ca descend, ca tourne, ca freine, ca pisse, ca boit, ca mange, ca pete, ca parle tout seul. Oui bah, faut bien s'occuper sur 188km! 

Voilà en fin cette fameuse montée du col. Pour l'instant, je suis un des rares en vélo de contre la montre et avec des jantes hautes en carbone. J'ai pas poussé le vice jusqu'à mettre un casque aéro je suis pas fou (par contre j'en ai vu un!!!). J'ai juste pris ce que j'avais et ce sur quoi je m'entraîne toute l'année. J'avais eu le droit a une réflexion d'un cycliste donneur de leçon lors de ma reco vélo 3 jours plus tôt qui devait savoir sûrement mieux que moi ce que je devais faire. A peine il m'a dit bonjour qu'il décochait un: ''Je pense pas que ce soit le bon vélo pour faire Embrun, ça ! »J'ai du serrer les dents très fort pour éviter de lui balancer un: « occupes toi de ton cul, connard » (oui j'étais bien énervé). 

Et me voilà 3 jours plus tard dans la bosse de l'isoard, a mouliner sur mon cervelo. Je repense a ce type alors que je double pas mal de monde planté sur son vélo classique et me dis que vraiment, il faut arrêter les idées préconçues, c’est quand même le cycliste qui fait le boulot, pas le velo (enfin, on verra dans la descente....). 

Il y a énormément de monde sur les routes, des supporters, des touristes, des cyclistes et cyclotouristes, des voitures qui roulent a nos cotés avec trompette et sifflets. L’ambiance est géniale! Digne d’une étape de montagne au tour de france. Depuis le début du vélo, je remarque que je suis particulièrement encouragé par les spectateurs et même les autres compétiteurs. C’est un des avantages d'être breton ou du moins de représenter la bretagne car le nombre de bretons et sympathisant breton sur les routes est impressionnants. Notre maillot de club étant très distinctif (rose fluo avec un gros triskell et des hermines), je suis souvent encouragé par des: ‘’allez la bretagne!, allez Landerneau!!, ils ont des chapeaux ronds,etc...”A coté de ca, les triathletes des autres régions n’ont plus que des miettes. Mais qui irait crier: “allez la région parisienne?” 

J’ai même un arbitre breton en activité sur moto qui m’a proposé une gourde de boisson énergétique en pleine montée du col, hors ravito. Devant mon refus (pas d’assistance, et en plus j’avais ce qu’il faut), il me dit que si j’ai besoin de quoi que ce soit, je lui demande. J’aurai du lui demander de me guider dans les trajectoires pour la descente qui allait se profiler. 

La fin de la montée du col en ligne de mire, j’ai les lombaires en feu! Je n’avais jamais eu un flanchage de lombaire en bosse auparavant, mais comme je mouline, mes cuisses ont du être bien preservées, au detriment de mon dos. Un triathlete de Morlaix m’encourage et m’apprend qu’il y a un replat salvateur avant la fin du col. J’en profite pour m’etirer le dos tout en roulant pour attaquer la dernière portion. ET voila le col et son ravito. 

Je file chercher mon sac et installe mes 2 gourdes sur le velo et passe 4-5 minutes au ravito pour manger, boire et surtout m’habiller plus chaudement pour la descente: gilet sans manche et journal+papier glacé sous le jersey. 

Je repars pour la descente et la c’est le calvaire, aucune maîtrise des trajectoires. Une qualité de freinage très médiocre de mes patins sur les jantes carbone, du coup je dois freiner très en avance pour négocier les chicanes et je perds énormément de temps. Sur 10km de descente, je dois me faire doubler par une bonne cinquantaine de cycliste alors que j’en double seulement 1 ou 2!C’est une catastrophe et même une honte d'être aussi nul en descente! A Nice, cela ne m’avait pas été préjudiciable mais la je perds beaucoup trop de temps. J’en ai même des crampes au main a force d’etre crispé et de freiner tout le temps. J’en ai même peur d’exploser mes jantes a cause de la chaleur due aux frottements! J'attends le plat et les bosses avec impatience! 

J’arrive sur Briancon et commence a me sentir plus a l’aise, je retire mon journal et enlève mon gilet, il commence vraiment a faire très chaud, il est près de 13h. 

Le retour se fait tantôt sur le plat, vent dans la gueule, tantôt en bosse, vent dans la gueule, tantôt en descente, vent dans la gueule. On se croirait en bretagne. 

Le vent commence a souffler fort et des rafales me déportent plusieurs fois, je dois serrer les fesses et le guidon pour garder la trajectoire. Surtout, il faut rester lucide jusqu’au bout! Je me dit que les plus rapides a vélo ont du éviter ce vent et que du coup, mon temps vélo va sacrement en pâtir. Arrivent les dernières difficultés, entre autre la bosse du Pallon. Comme je mouline toujours, ça va plutôt bien. J’ai eu plusieurs coups de semonces ou mon genou s’est manifesté mais la douleur est épisodique, même si la gêne est permanente. Je sens que je ne peux pas tirer un trop gros braquet sous peine de casse. J’arrive a un ravito et on m’annonce que je suis dans les 600eme! La situation est plus grave que je le pensais, ça me fout un coup au moral même si j’aurai du m’en douter plus tôt! D’habitude, je gagne des places a vélo! 

Je me remémore mon objectif: terminer et prendre du plaisir et ça repars! 

Plus qu’une vingtaine de kilometre, j’arrive sur Embrun pour repartir vers la bosse du chalvet, une vraie belle difficulté qui en fait passe toute seule. Autour de moi en revanche y’a de la casse! 

Je suis éprouvé et fatigué par ce velo mais je sens que musculairement ca va et j’ai bien fait attention a m’alimenter et boire. Plus que la descente vers le parc le long de cette route sinueuse et pourrie et me voila au parc apres un salut a ma douce, après 8h de vélo! C’est 30 minutes de plus que ce que j’avais estimé faire. Mais le contrat est rempli, genou OK! 

Je marche jusqu’a ma chaise, decline le massage et me prepare pour le marathon. Visiere, ceinture portes gourdes et 4 mini gourdes de malto + une fiole de gel (le fameux gel). 

Il fait très chaud mais ça ne m'inquiète pas, c’est plus chaud que Nice mais moins que VIchy alors c’est gerable. On attaque direct par une courte bosse tres pentue que je fais en courant et mes jambes sont lourdes. Mon GPS m’indique une moyenne de plus de 6 minutes au premier kilometre! La route va etre longue, car je suis sensé etre frais! A Nice , j’avais attaqué a 4’15 au kilo au début.. 

Au bout de 2.5km, je croise Marcel Zamora, le vainqueur qui en termine dans 2.5km! Moi il me reste 40km! 

500m plus loin, je vois mes beau-parents, puis Celine et mes filles et décide de me délester de ma ceinture porte gourdes et de mes gourdes, c’est trop lourd et j’ai pas besoin de toutes ces calories, le gel suffira. Je vérifie qu’il n’y a pas d’arbitre a proximité et confie mon matériel a Celine. 

J’ai pas faim du tout et traîne un peu a avaler mes premières goulées de gel. J'attends 40 minutes de course au lieu des 30 minutes que je m'étais fixées. Je fait attention a ne pas trop boire comme a Nice ou je m'étais tellement rempli l’estomac de boisson qu’a la fin je n’assimilait ni le gel, ni l’eau. Je saute même des ravitos d’eau et préfère me mettre en légère déshydratation plutôt que de me remplir l’estomac. Vers le 16km, je ressens les prémices d’une hypoglycémie. Depuis Vichy, je suis maintenant devenu un expert pour détecter cet état et décide dorénavant de prendre mon gel toutes les 20 minutes. Je ne comprend pas pourquoi je suis en hypo vu les quantités de produits énergétiques ingérés et surtout mon timing assez strict imposé par l’alarme de ma montre et en retraçant l’historique de mes ingestions, je me rend compte que j’ai oublié de prendre ma goulée de gel a l’arrivée au parc a vélo! Et oui, je me souvient a présent que ma montre a bipé en pleine descente a 300m du parc, du coup j’ai zappé ce ravito, ce qui plaçait donc mon avant dernier ravito en gel non pas 30 minutes plus tôt mais 1h10 plus tôt! Petite erreur, potentiellement grande conséquence. IL me faut 4-5 kilometres pour être a nouveau opérationnel et j’attaque donc le second tour avec plus de punch. Je continue a snobber 1 ravito en eau sur 2, par contre je m’asperge a tous les points d’eau. La chaleur monte et on commence a voir de nombreuses interventions de pompiers et plusieurs athletes sur des civières. A 20h le soir, il y avait eu 150 interventions de pompiers et 5 evacuations par helico. 

Je continue ma route en doublant un gars de Pontivy, apparemment l’ancien prez du club, il commence a taper la discut mais moi j’ai pas envie de n'éterniser, la course est déjà assez longue comme ça. Je garde mon rythme et le décroche. Pas de cadeaux entres bretons!On n’a pas cuisiné le kig ha farz ensemble a ce que je sache! 

Encore 11km pour moi et c’est la fin. Mon rythme de course n’est pas extraordinaire, 6’/km mais autour de moi ça va encore plus lentement, je ne fais que doubler. Je sens que ça va le faire, je suis tout sec mais je m’alimente, pas de soucis physique. Encore des bosses a passer jusqu'à 5 kilomètres de l'arrivée puis c’est du plat! 

Plus que 3 kilomètres et je croise la famille, plus que le tour du lac et c’est la fin! Je retrouve des forces cachées et mon allure s'améliore! Tiens donc, t’en gardait sous la pédale! Je fini mon dernier kilo a vive allure et recroise la famille a 300m de la ligne. C’est la joie de terminer qui m’envahit et ma belle mère m’annonce que notre voisin Thierry que je n’ai pas vu du tout de la journée est juste devant! Je me place a son niveau a 50 mètres de la ligne et nous finissons ensemble main dans la main sur la finishline, après 13h31 d’effort, dont 4h15 de marathon. 

Et voila, l’aventure Embrunman s'achève, et avec elle une saison bien remplie! 

Cette course est magnifique mais exigeante et finalement j’ai été heureux d’y participer sans prétention ni objectif, ça m’a permis de peut être plus l'apprécier! 

Je sais aussi que ce profil de course ne me conviendrait pas du tout si je voulais être compétitif! Trop de descentes !!! 

Un grand merci encore a Celine de me soutenir dans ce sport, ainsi qu’a mes filles et a mes beaux-parents d’avoir fait le déplacement pour m’encourager. 

Merci au coach Arnaud pour ses bons conseils et a tous ceux qui m’ont encouragé et/ou suivi ! 

A bientot a Lanzarote